La question des redevances de droits d’exposition
J’écris ce texte comme on lance une bouteille à la mer…
J’écris pour dénoncer une réalité que vivent trop d’artistes au Québec.
Si j’ai eu beaucoup de chance depuis mon retour à la pratique artistique en 2010, avec notamment la publication d’un livre et l’obtention de plusieurs expositions solo, je me frotte depuis quelque temps à une pratique malheureusement courante dans le milieu artistique professionnel : le non-paiement de redevances de droits d’exposition. Autrement dit, bien souvent, les artistes ne reçoivent pas un sou lorsqu’ils exposent leurs œuvres.
Depuis l’automne dernier, j’ai refusé quatre offres d’exposition pour l’année 2016 de la part de diffuseurs qui n’accordent pas de redevances aux artistes : le Musée populaire de la photographie de Drummondville, le Centre culturel Stewart Hall de Pointe-Claire, la salle d’exposition de l’Entrepôt de Lachine et, pas plus tard qu’hier, l’Espace Mur-Mur des Arts de la bibliothèque Georgette-Lepage de Brossard. Il s’agit de lieux de culture respectables qui pigent dans les projets déposés sur le réseau Accès Culture Montréal ou qui exigent le dépôt de dossiers d’artistes touffus (présentation de projet, texte de démarche artistique, cv, visuel, etc.). Nous ne parlons donc pas d’exposer au café du coin ou sur les murs du Commensal.
Au Regroupement des artistes en arts visuels du Québec (RAAV), on me dit que c’est une pratique courante et que la plupart des artistes acceptent quand même d’exposer sans recevoir de redevances, sans quoi ils n’exposeraient pas.
Il y a peut-être des éléments qui m’échappent, mais j’estime qu’un diffuseur culturel qui est en mesure de payer des employés pour organiser des expositions devrait aussi s’organiser pour accorder des redevances minimales aux artistes. A-t-on idée d’aller chez le dentiste ou le coiffeur, ou encore de faire appel aux services d’un plombier ou d’un électricien, sans payer d’honoraires à ces professionnels? Alors pourquoi demander aux artistes professionnels de travailler gratuitement?
Les diffuseurs me rétorquent que les artistes peuvent vendre leurs œuvres lors des expositions. Belle affaire! Car même si le travail artistique est très apprécié des visiteurs, rares sont ceux qui peuvent se permettent d’acquérir une œuvre. J’ai reçu une vingtaine de messages de personnes intéressées à m’acheter des images au cours de la dernière année, mais aucune vente n’a été conclue. C’est compréhensible; la plupart des gens qui visitent les maisons de la culture et les centre d’exposition n’ont pas les moyens d’acheter des impressions photographiques haut de gamme offertes en tirages limités. Mais en tant qu’artiste professionnelle, je me tirerais une balle dans le pied si je ne vendais pas assez cher, je perdrais toute respectabilité vis-à-vis de mes pairs. C’est pourquoi le paiement des redevances est justement si important.
Si on considère que la plupart des expositions restent en salle environ 6 semaines, et en tenant compte du temps de battement entre les expos, cela donne une moyenne de 6 expositions par année pour un lieu de diffusion. En accordant des redevances minimales de 1 000 $ par artiste, cela représente un budget annuel d’environ 6 000 $. Qu’un lieu de diffusion de la culture ne puisse pas débloquer 6 000 $ par année pour payer les artistes professionnels qu’il trie sur le volet, cela dépasse l’entendement. Même le concierge qui nettoie les planchers des salles d’exposition reçoit un salaire, lui!
Les diffuseurs qui refusent de verser des redevances se moquent bien de mes convictions, ils ont une longue liste d’artistes prêts à tout pour exposer. Pour ma part, j’estime que c’est une forme d’abus.
Un journaliste culturel réputé avec qui j’ai communiqué ce matin me demandait : « Qui pourrait faire changer cette pratique? Le ministère? Une loi? Qui? »
Je n’ai pas de réponse à ces questions. Mais il me semble que pour espérer changer les choses, il faut commencer par les dénoncer. C’est pourquoi je m’insurge!
Et vous, qu’en pensez-vous?
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**** J’invite les lecteurs à prendre connaissance d’un second billet sur ce blogue traitant de la question des droits d’exposition qui complète bien celui-ci : « La réflexion sur les droits d’exposition se poursuit ». ****
Bravo, Catherine! Tu t’insurges avec raison contre les abus, je dirais même contre l’injustice de certaines situations. I taught you well !!! 🙂
Bonjour Catherine, je suis déçue d’apprendre que les redevances ne sont pas payé à l’artiste.
J’ai moi même soumis a accès Mtl (à une quinzaine maison de la culture) un projet depuis huit mois et aucune nouvelle malgré mes suivis.
Ce que j’apprends maintenant remet sincèrement en doute mon désir de m’associer avec ce types de lieux de diffusion.
Je suis tout à fait d’accord avec toi et si jamais mon projet est sélectionné je refuserai tu peux être certaine.
Merci à toi pour ce partage et je n’ai aucune idée à qui doit t’on s’adresser pour cette situation, je resterai aux aguets.
Merci pour ton commentaire Sonia.
Toutefois une clarification s’impose : la plupart des maisons de la culture du réseau Accès Culture Montréal paient des redevances de droits d’exposition aux artistes. Elles ne respectent pas toutes la grille tarifaire proposée par le RAAV et CARFAC (Canadian Artists’ Representation/le Front des artistes canadiens), mais au moins elles donnent quelque chose. Aux quatre maisons de la culture où j’ai exposé en 2014 et 2015, j’ai reçu entre 750 $ et 1 500 $ par exposition. Seulement certains diffuseurs associés au réseau ont accès aux projets que les artistes y déposent et peuvent, comme il m’est arrivé à deux reprises, proposer une exposition sans verser de redevances.
Sinon, tous les centres d’artistes autogérés offrent des redevances de droits d’exposition aux artistes, et en suivant les normes RAAV/CARFAC. Mais pour y exposer, il faut que le travail artistique corresponde aux mandats de ces centres qui promulguent, le plus souvent, des démarches artistiques qui répondent aux critères de l’art dit « actuel » ou « contemporain ». En clair, les centres d’artistes s’occupent bien des artistes qui font dans la recherche artistique, et c’est tant mieux pour eux! Mais ils sont très peu ouverts sur d’autres types de création.
D’où l’importance, lorsqu’on croit à la pertinence de permettre à une diversité de formes artistiques de coexister, d’inciter tous les diffuseurs qui s’affichent comme des promoteurs de la culture à verser des redevances de droits d’exposition aux artistes professionnels.
Les diffuseurs devraient payer. Ils ne possèdent pas tous les mêmes ressources, dès lors les cachets peuvent varier et c’est à l’artiste d’accepter ou non la proposition. Il existe une réelle économie de la diffusion culturelle, subventionnée il est vrai, mais qui crée des emplois et qui répond à des objectifs collectifs. Il est absurde voire immoral de demander aux artistes de nourrir cette économie, d’en fournir sa matière première et de renoncer du même coup à toucher une part des bénéfices. Au cinéma, lorsque je tourne une scène dans laquelle un tableau apparaît sur le mur du salon d’un personnage, la production négocie un cachet avec l’auteur du tableau, même si on ne l’aperçoit que furtivement à l’arrière-plan, hors foyer de surcroît. À la lumière de cette pratique, il m’apparaît inconcevable de ne pas rémunérer une artiste qui expose ses oeuvres pendant six semaines. Philippe Falardeau, scénariste et réalisateur
Merci Philippe! Ton exemple du tableau flou en arrière-plan est à l’autre extrême, mais il montre bien que c’est, comme tu dis, inconcevable qu’on demande à un artiste professionnel d’exposer son travail gratuitement. Si tu as besoin de belles œuvres pour mettre en arrière-fond dans ton prochain film, j’en ai plusieurs de disponibles, je te ferai un bon prix! 😉
Je suis surprise de la réponse du RAAV. As-tu contacté Christian Bédard? Les tarifs d’exposition définis par CARFAC/RAAV doivent être respectés.
D’autre part si ces lieux d’exposition reçoivent des subventions, les organismes subventionnaires devraient mettre une pression sur eux.
Tu fais bien de refuser d’exposer dans ces lieux. Les artistes, en faisant preuve de solidarité, participeraient activement à la résolution de ce problème.
Bon courage Catherine,
Françoise
Moi aussi, Françoise, j’ai été étonnée d’apprendre de la personne qui a décroché au RAAV jeudi dernier que la plupart des artistes acceptent d’exposer gratuitement. Et je suis d’accord avec toi, la première clé de la solution est sans doute d’encourager une plus grande solidarité entre artistes. J’ose espérer que mon billet sur cette question y contribuera à sa mesure. Ce serait bien que les médias s’en accaparent…
Idée : développer une certification pour mettre en valeur les diffuseurs qui paient un cachet. Ainsi, nous pourrions être orientés, comme citoyens et consommateurs d’art et de culture, à fréquenter les lieux qui rémunèrent les artistes et à éviter les autres.
Je trouve que tu as là une sacrée bonne idée Guillaume! À retenir, absolument!
Comme ça fait du bien de lire les vérités que l’on vit à répétitions tout au long de sa carrière. Il y a tant d’artistes qui acceptent d’exposer sans redevance, revendiquer nos droit devient alors un coup d’épée dans l’eau. Toutefois l’idée de Guillaume Houle est intéressante. Merci Catherine pour ta démarche en faveur des artistes professionnels. Tu fais une différence pour nous tous et c’est tout à ton honneur!!!
Ne tirez pas sur le messager
Je crois qu’une mise au point s’impose ici. Oui, il n’est pas normal que le travail de l’artiste ne soit pas rémunéré; on paye bien le plombier, l’imprimeur, le dentiste, etc. Mais dans le cas des arts visuels où l’offre dépasse de loin la demande, la situation est différente. J’ai organisé le Mois de la photo à l’Espace Hortense pendant presque une décennie et je fais actuellement partie du comité des arts visuels du Tremplin 16-30 qui soutient les artistes émergents. Nous n’avons jamais payé d’honoraire aux artistes pour la simple et unique raison que nous n’avons pas les fonds nécessaires. Si cela avait été possible nous l’aurions fait je vous l’assure et on rêve du jour où l’on pourra le faire.
Alors qu’est-ce qu’on fait si on n’a pas les fonds? On ne présente plus le travail des artistes, on ferme la shop ? Il faut comprendre que beaucoup de lieux d’exposition sont tenus à bout de bras par le travail acharné de bénévoles qui travaillent pour les artistes. Dans ces conditions, on ne force personne à exposer et on essaie juste de leur donner une vitrine. Personnellement, je ne présente plus, sauf pour quelques exceptions, mes photos dans des lieux qui n’offrent pas de cachet, mais pour un artiste en émergence, cela peut s’avérer un tremplin surtout si les médias s’y intéressent.
J’ai exposé au Musée Populaire de la Photographie de Drummondville et je n’ai pas eu de cachet. Personne ne m’a forcé à y exposer et j’étais très heureux de le faire. Ce n’est pas la situation rêvée, mais c’est la réalité. Cessons de jouer les vierges offensées. Il y a place à amélioration je le concède, mais SVP ne tirez pas sur le messager, car son but, il ne faut surtout pas l’oublier, est d’aider les artistes et non pas de les exploiter.
Je suis en accord avec votre texte, un(e) artiste professionnel(le) en art visuel devrait être rémunéré(e) pour montrer leurs oeuvres au même titre qu’un chanteur(euse) ou un musicien(ne) professionnel le sont pour ce produire en public. Je n’ai pas de solution à vous fournir mais j’appuie votre pensée sur le sujet.Je suis moi même une artiste en art visuel mais je ne suis pas professionnelle.
Merci, Doris et Louise, pour vos bons mots. Reste à espérer que le momentum crée par mon billet puisse continuer à prendre de l’ampleur… Quoi qu’il arrive, grâce aux partages des internautes, l’attention générée par mon billet est déjà un pas dans la bonne direction.
Toute action dans ce domaine est souvent le fait d’un artiste qui s’insurge. Le droit d’exposition a été obtenu parce qu’un artiste dans les années 60 (Jack Chambers) a exigé que le Musée des beaux-arts du Canada lui donne une somme d’argent pour exposer ses œuvres. Ça a ensuite pris 20 ans à CARFAC pour le faire inclure dans la Loi sur le droit d’auteur mais ça a fini par se faire. Aujourd’hui c’est une pratique reconnue.
Quant à vous, monsieur Guy… Guy comment, déjà?
Je comprends, surtout au vu de votre engagement envers les artistes de la relève, que mon billet ait pu vous offensez. J’admets qu’il manque de nuances. Je sais aussi que les défis auxquels les diffuseurs font face sont grands. Aussi je vous invite à prendre connaissance de mon article plus récent intitulé « La réflexion sur les droits d’exposition se poursuit » qui cerne mieux les enjeux.
Comme vous pourrez lire, je demeure toutefois convaincue que les diffuseurs, même s’ils ne sont pas seuls responsables de la situation actuelle, ont un rôle essentiel à jouer pour sensibiliser le monde des arts au fait qu’il faut cesser de tabler sur la visibilité en guise de paiement aux artistes.
Le soutien aux artistes en voie de professionnalisation comporte ses défis particuliers. Je ne prétends pas avoir toutes les réponses. Mon intention est d’ouvrir une discussion sur le sujet des droits d’exposition et de briser l’isolement des artistes qui, comme moi, et parfois vous, refusent d’exposer sans être payé adéquatement.
À mon avis, si l’artiste est rémunéré pour exposer, il doit aussi remettre une partie de l’argent qu’il fera en vendant ses oeuvres au lieu de l’exposition. En fait, il faudrait que le prix soit bien identifié et que les acheteurs se procurent l’oeuvre par l’intermédiaire du lieu d’exposition qui lui remettrait la partie résiduelle à l’artiste. Il y a tellement d’artistes et si peu de lieux. Il est facile de comprendre que c’est tout à fait normal que les lieux refusent de payer.
Personnellement, si j’étais artiste en manque d’exposition, je ferais tout pour me faire connaître autrement. Attendre après le bon vouloir des autres, c’est laisser son destin dans les mains des autres et être condamner à se priver d’une part de bonheur qui nous revient !!!
Sébastien T. :
Je n’ai pas d’objection à donner un pourcentage raisonnable du prix d’une vente d’une œuvre lors d’une exposition, en tenant compte de mes coûts de production, à condition que le diffuseur me verse des droits d’exposition adéquats. Qu’est-ce qui vous a donné à croire le contraire?
C’est d’ailleurs une pratique très courante pour les artistes de remettre une liste de prix aux diffuseurs, que ceux-ci retiennent un pourcentage ou non. Il est également d’usage de signer un contrat qui stipule tous ces détails bien avant la tenue de l’exposition.
J’ignore quel métier vous exercez, mais accepteriez-vous de travailler gratuitement?
Vous remarque suggérant que les artistes professionnels ne déploient pas suffisamment d’énergie pour se faire connaître est non seulement irrespectueuse, mais témoigne d’une totale ignorance du métier. Je ne vous en veux pas, vous êtes loin d’être le seul à penser ainsi. Aussi je suis contente que vous m’en fassiez part. Cela me donne l’occasion de remettre les pendules à l’heure.
En dehors du travail alimentaire que la plupart des artistes professionnels doivent faire pour survivre, si vous saviez le nombre d’heures, de jours, de semaines par année que nous consacrons non pas à la création, mais à multiplier les démarches pour trouver des endroits où exposer. Il y a les dossiers d’artiste à ajuster pour chaque projet d’exposition, les textes de démarche et de projets à écrire, les photos des œuvres à faire-faire et à graver sur DVD (pour les photographes cela est plus facile), le site Internet à créer et à entretenir, et j’en passe… Sans parler des demandes de bourse à renouveler sans cesse. Et oui, tout cela en sachant qu’il y a plein d’autres bons artistes qui font pareil. La concurrence est rude, sur ce point, je vous donne raison. C’est alors d’autant plus important de payer ceux dont le travail est sélectionné pour être exposé!
Par ailleurs, que je vous rassure : je suis très heureuse d’exercer ce métier, en dépit des défis.
C’est facile de critiquer de façon anonyme.
Je suis tout à fait d’accord avec ce texte. Cependant, permettez-moi Madame Rondeau de vous dire que ce passage : « Même le concierge qui nettoie les planchers des salles d’exposition reçoit un salaire, lui! » est, et de loin, de trop. Ce jugement n’apporte rien à votre point et laisse un goût amer à qui l’égalité des humains est importante. Je suis aussi photographe et suis d’accord avec le respect du travail de l’artiste, mais cette petite phrase m’a frappé. Voilà !
Merci, madame Marleau, pour votre mot.
L’allusion au travail des concierges, c’était une image, un symbole – une façon d’illustrer l’existence d’une réelle économie de la diffusion culturelle qui crée des emplois mais où l’artiste passe trop souvent en dernier. Si j’ai offensé des personnes qui travaillent en entretien ménager, sachez que ce n’était pas mon intention et que j’en suis sincèrement désolée.
Merci d’avoir pris la peine de commenter mon commentaire.
Petit détail, je suis Monsieur Marleau et non Madame Marleau 😉 Je ne sais pas pourquoi, mais ce n’est pas la première fois que l’on fait cette erreur; pourtant Daniel est tout à fait un prénom masculin. Bref, c’est plus comique qu’autre chose. 😉
Oups! Pardon Monsieur Daniel. 😉
J’ai été scandalisé par la réplique de Jean Lauzon Ph.D., directeur du mpp | Musée populaire de la photographie de Drummondville dans les pages du Photo solution magazine.
Voici ce que j’ai transmis par courriel à la ministre du MCC…
Madame la ministre Hélène David,
La page Internet du MCC qui présente bien en vue votre photo, se trouve à célébrer la littérature française et québécoise, célèbrer le succès francophone mondial du Québécois académicien Dany Laferrière… cependant que nos artistes en arts et métiers d’arts visuels du Québec vivent inexorablement dans le quart monde d’un sous-développement inacceptable… cependant qu’un directeur de Musée ( soi-disant à l’honneur au Québec en mai ) ne trouve rien d’autre à répliquer que de blâmer l’artiste qui a le courage et la force de dénoncer ce sous-développement chronique et débilitant…
Le Québec sera peut-être à Mons, capitale européenne de l’art… en 2015, mais moi, comme tant d’autres, je serai dans le creux d’une vallée bien québécois,es de… l’indigence… incapable de créer ce que mes expertises pourraient me permettre de créer après 42 ans de pratique et de carrière éminemment productive, alors que je suis âgé d’à peine 60 ans, et ce, faute de moyens, faute d’aliments, faute de support et d’appui, faute pour l’État non seulement de n’avoir pas aidé, mais d’avoir gravement nui ( gravement quand j’ai créé en 1989 l’Art Aussi, société en commandite )… ce qui ne m’empêche pas de me manifester solidaire de la photographe Catherine Rondeau.
Luc Archambault
P.S.
Concernant la publication dans Le Soleil de ce Point de vue de la photographe Catherine Rondeau : Le Soleil | 2015 05 29 | Point de vue | Catherine Rondeau | Droits d’exposition: une artiste s’insurge | https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/droits-dexposition-une-artiste-sinsurge-831fb4812cafc43082cbd2c3c6c0c0e2 |
Il se trouve que Jean Lauzon Ph.D., directeur du mpp | Musée populaire de la photographie de Drummondville répond à l’interpellation de Catherine Rondeau, de manière selon moi tout à fait inappropriée… ( voir ICI et ici-bas son texte publié dans Photo solution magazine )
Voici ma réplique à cette réplique selon moi odieuse… en m’adressant à Catherine Rondeau… pour la féliciter…
Madame Rondeau, félicitations pour votre contribution au développement des arts et métiers d’arts visuels du Québec.
La réplique de M. Jean Lauzon Ph.D., directeur du mpp | Musée populaire de la photographie de Drummondville est indigne de sa charge et, comme vous l’avez noté, paradoxalement très méprisante, suffisante, inconséquente et… irresponsable.
Vous avez parfaitement raison d’interpeller le mpp, comme d’autres diffuseurs, et il a parfaitement tort de répliquer en se dédouanant abusivement et de surcroît de manière méprisante. Il se trouve que les diffuseurs sont RESPONSABLES et IMPUTABLES de ce qu’ils font ou ne font pas. Il est parfaitement justifié de les placer devant leurs responsabilités en ce qui concerne la rétribution des artistes qui exposent en leurs lieux, pour dénoncer un système et vous l’avez fait sans vous attaquer ni aux personnes ni aux institutions, mais à leur comportement… le sien est inqualifiable…
Les considérables dépenses subventionnées que ce type d’institutions muséales nécessite pour l’édifice, ses frais d’achat, de construction, de location ou d’immobilisation, pour son mobilier d’exposition, son entretien, sa masse salariale et les bénéfices marginaux afférents ( fonds de retraite à l’avenant ), aux fins de rétribuer le personnel utile et les hauts salaires des technocrates de l’art qui les administrent, animent et qui les subventionnent, ne sont justifiables que parce que des expositions sont tenues en ses lieux, aux frais des artistes vivants. Ce n’est pas inconvenant de le dire ; ce qui l’est c’est de plutôt se taire… et de blâmer celles et ceux qui osent se commettre pour dénoncer une situation inacceptable, infertile, contre-productive et inefficace.
Jean Lauzon Ph.D., directeur | mpp | est parfaitement au courant de la situation, et c’est à lui à prendre la responsabilité qui en découle ; à défaut, il doit assumer l’odieux de la situation ; c’est à lui aussi de faire ce qu’il faut pour faire pression sur les pourvoyeurs de fonds, jusqu’à refuser même de continuer à administrer, gérer et animer un tel cirque, pour faire pression justement… à défaut, il est parfaitement complice.
La moindre des choses pour ne pas l’être, est d’accueillir votre fertile et saine contribution, non sans s’engager à faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les choses changent, et durablement, au bénéfice de toutes et tous, au bénéfice de l’art, au bénéfice des artistes et artisans de l’art.
En lieu et place, il invente de toutes pièces absentes une attaque en règle contre son institution, non sans invoquer de manière absurde sa soi-disant totale et personnelle irresponsabilité. Ce plaidoyer est non seulement parfaitement irrecevable, mais typique du conflit d’intérêts. C’est gênant…
Pour continuer à être payé pour organiser des expositions, il a intérêt à ce que ses bailleurs de fonds continuent à profiter d’un système qui n’a cours que grâce à l’exploitation des artistes et qu’au fait qu’ils acceptent en silence cette exploitation. Il répugne à demander davantage parce qu’il peine déjà à obtenir ce qui lui permet de conserver son emploi. Mais c’est là un mauvais calcul de sa part et parfaitement intéressé.
Vous posez le problème d’une manière parfaitement congruente. Les coûts considérables soi-disant incompressibles liés à l’existence des Musées, n’ont de sens que si et seulement si des expositions y sont tenues, y compris pour présenter les oeuvres des artistes vivants. Ici, dans la seule mesure où les artistes acceptent sans mot dire de justifier qu’on dépense ( investissements, immobilisations, coûts d’entretiens, salaires, etc. ) en exposant – sans rétribution conséquente – les oeuvres des artistes qui justifient l’existence de tels lieux.
Autrement dit, sans cette exploitation malsaine, abusive, contre-productive des artistes, il ne serait pas possible pour ces Musées de présenter des expositions d’artistes vivants dans leurs lieux dédiés, ce qui fait en sorte que les dépenses reliées à l’existence des Musées sont parfaitement inutiles dès lors que les artistes refusent de vivre perpétuellement dans ce système d’abus qui ne leur permet pas de vivre du produit de la vente de leurs oeuvres. Il faut donc fermer les Musées, licencier son personnel et vendre l’immeuble pour en faire des condos… puisque sans cette exploitation aucune exposition ne peut y être présentée.
Le montant considérable ainsi épargné aux contribuables pourrait être attribué aux artistes… Ils en feraient pour sûr meilleur usage. Y compris financer la présentation de leurs oeuvres dans des lieux publics en partenariat par exemple, avec des propriétaires immobiliers heureux d’animer leurs espaces… gratuitement au besoin… Au moins, en ce cas, l’argent des contribuables cesse d’être dépensé pour financer les technocrates de l’art et des éléphants blancs qui tiennent, d’après ce que nous livre M. Lauzon, à continuer à vivre de l’exploitation du travail des artistes, et qui ne trouvent rien d’autre d’utile à faire quand cette situation est dénoncée, que de blâmer les artistes qui osent s’indigner de cet esclavagisme débilitant.
Tous les intervenants en cause sont RESPONSABLES et IMPUTABLES de leurs actes. S’en prendre aux pourvoyeurs de fonds ne sert à rien s’ils suivent l’exemple pitoyable de M. Lauzon. Ils ne feront, comme lui, que s’en laver les mains en imputant la faute aux diffuseurs qui prévoient continuer à obtenir des fonds pour soi-disant aider les artistes, sans rétribuer les artistes qui exposent leurs oeuvres. Le cercle vicieux perdure… sauf si, des gens responsables décident de l’être… vraiment…
En première ligne, il est vrai – c’est là que le bât blesse – ce n’est pas facile… mais ce n’est pas une raison pour se dédouaner de l’existence d’un système fou… sans bon sens, d’autant plus quand c’est fait de manière aussi cavalière et irresponsable qui ajoute l’injure à l’insulte en vous accablant en lieu et place de vous soutenir.
Bon courage.
Luc Archambault, artiste et citoyen