pratique artistique

Depuis son retour à la pratique photographique en 2011, Catherine Rondeau s’intéresse aux rapports entre les contes et la construction identitaire. Ses recherches l’amènent à développer, au moyen de la manipulation numérique des images, un langage visuel à la fois intimiste et onirique. Privilégiant la lumière naturelle et la spontanéité lors de la prise de vue, elle joue ensuite avec les lieux et les éléments à l’ordinateur afin de mettre en scène des tableaux où les frontières du vrai et du faux se brouillent. La narrativité inhérente de ses œuvres découle de ce fin enlacement de la fiction au réel. Chaque image entraine le spectateur dans une réalité parallèle qui évoque, à la manière d’un rêve, une émotion ou un mécanisme psychique.

Une constante dans le travail de composition de la photographe, c’est sa préoccupation pour l’esthétisme et la sensibilité. Une visée opposée, à première vue, au virage conceptuel et cérébral pris par l’art moderne au siècle dernier. Le fait de travailler dans des environnements inusités et soigneusement cadrés – tantôt avec ses propres enfants comme modèles, tantôt par le biais de l’autofiguration – contribue, en effet, à la douce étrangeté qui caractérise son style photographique. En écho aux pressions psychologiques qui jalonnent la recherche du Soi, l’artiste insinue néanmoins des tensions dans ses décors ciselés de manière à titiller le spectateur et l’inciter à réexaminer l’image, à se questionner pour faire sens. Puiser dans les techniques classiques d’avant l’abstraction, tout en sollicitant la participation active du regardeur dans le décodage de différents niveaux de lecture, c’est la démarche toute contemporaine Catherine Rondeau. Si on dit, depuis l'urinoir de Marcel Duchamp, que la Beauté est morte au profit du Sens, l’artiste revendique dans son œuvre la liberté de poursuivre à la fois l’idée du beau et la réflexion intellectuelle.

photo d'une salle d'exposition avec des photographies aux murs

De l'autre côté du miroir en exposition à la maison de la culture Mercier, Montréal, 2015